" Elles attirent notre regard. Elles sont tellement belles, presque magiques. Mais d'où viennent-elles ? Quel est leur secret ? "
Comment je confectionne mes perles filées ?
Toutes mes perles sont réalisés grâce à des baguettes de verres fabriquées sur l'île de Murano.
Je commence par enfiler mon tablier et mes lunettes didymium (lunettes de protection spécifique au travail du verre) qui permettent de masquer la flamme qui empêche de voir la perle lors de sa création. Celles-ci protègent également mes yeux des éventuelles projections d'éclats de verre.
Je commence à faire fondre ma baguette de verre dans la flamme du chalumeau (maximum 1200°) et je l'enroule ensuite autour de ma baguette en inox (mandrin) qui me sert de support pour confectionner la perle.
En jouant avec la gravité, je tourne ensuite sans cesse mon mandrin pour donner une forme ronde et régulière à la perle.
Ensuite, je lui rajoute des couleurs selon mes envies afin de créer des motifs. Je peux également utiliser des outils (pince, couteau, palette de graphite) afin de donner des formes différentes (coeur, cône, cylindre...)
Chaque perle est unique, tout est fait à l'oeil nu , je n'utilise aucun moule ni aucune presse .
Une fois toutes ces étapes effectuées, je place la perle dans un four spécialement conçu pour la recuisson du verre de Murano, afin d'enlever les tensions dans le verre et ainsi rendre les perles très résistantes.
Je la ressortirai du four 7 heures plus tard pour la démouler et la monter en bijou.
D'où vient le verre de Murano et quelle est son histoire ?
Découvrez comment le verre de Murano est devenu une référence et la fierté de l'île de Murano.
Le hasard fait bien les choses...Comme pour beaucoup d'autres inventions, le verre fut découvert par hasard en observant que le sable, exposé à une haute température et au feu, fond et devient vitreux.
Les premiers à s'être rendus maîtres de cette technique furent les Phéniciens et cette technique se diffusa ensuite le long des côtes du Moyen Orient et de l'Egypte.
Le premier verre de Murano date de l'an 982 et fut imaginé par Dominicus Phiolarius, souffleur de bouteilles de son état.
A partir du XII ème siècle, Venise est alors la reine de la verrerie. Elle offre de sérieux avantages par rapport à ses concurrents (Bohème, Egypte, Hollande) de part son réseau commercial évolué (flotte marchande puissante la reliant à la mer noire, à la Méditerranée et à l'Europe).
Elle possède à l'époque de nombreuses manufactures de perles.
En 1490, tous les verriers sont obligés de quitter Venise pour l'île de Murano. Une des explications de ce déménagement serait que les incendies générés par les projections d'étincelles des fourneaux ouverts devenaient trop fréquents dans une cité construite presque exclusivement en bois.
Mais il est aussi fort probable que les autorités vénitiennes craignant la concurrence et voulant garantir le monopole de leur fabrication aient préféré éloigner la fabrication du précieux verre de Murano des regards indiscrets.
A cette époque, les verriers de Murano, n'ont pas le droit de divulguer leurs secrets, ni d'aller s'établir ailleurs… sous peine de mort !
Le verre de Murano devint un art d'un grand raffinement qui connut son apogée du XVIe siècle au XVIIIe siècle.
Après le transfert à Murano, la production de perles augmente considérablement grâce à l'évolution des techniques, en passant de "l'enroulage" au "verre étiré".
L'enroulage, nécessite beaucoup de travail, car l'artisan enroule le verre en fusion autour d'une tige comme du fil sur une bobine. Ces perles sont fabriquées individuellement et sont donc très coûteuses.
Par contre pour les perles en verre étiré, les verriers utilisent des baguettes étirées à trou central, à partir duquel de nombreuses perles identiques peuvent être réalisées. Elles sont donc relativement peu chères.
Ce sont principalement ces 2 techniques qui sont toujours utilisées à Murano, car depuis des siècles les méthodes de fabrication restent inchangées.
Les perles de verre sont classées d'après leur technique de fabrication : enroulage, étirage, moulage, soufflage.
Aujourd'hui dans la plupart des magasins de Venise, vous ne trouverez plus que de la perle "industrielle" faite au kilo, provenant des pays asiatiques.
Heureusement, quelques artisans-artistes de qualité maintiennent le savoir-faire millénaire des maîtres verriers vénitiens.
J'ai eu l'occasion de me former avec l'un d'entre eux lors d'un voyage à Murano : Davide Penso, artiste célèbre dans le monde entier pour ses créations, qui m'a enseigné le soufflage des perles en verre.
Cet art de la perle de verre s'est d'ailleurs répandu au delà de Murano. Il n'est plus l'exclusivité de Venise et est aujourd'hui très présent aux USA ainsi qu'en France.